N° 540 - février 2016
ISSN : 0570-6270
Que signifie le geste de cet extraordinaire «Personnage en union mystique» qui fait la couverture d’Archéologia, esquissant un sourire à demi-masqué par sa main? Nul ne le sait. Cette œuvre y gagne en mystère et en beauté : c’est un des fleurons de l’exposition «Chamanes et divinités de l’Équateur précolombien» au musée du quai Branly, qu’Archéologia a choisi de présenter dans son Archéofolio, tant la sélection de statues présentée y est remarquable.
De la beauté du monde, il en est question dans ce numéro, comme du terrible vandalisme dont continuent d’être victimes les monuments historiques du Proche-Orient. Grâce à l’archéologie, nous savons cependant qu’ont existé des havres de paix et de mixité religieuse, ethnique, sociale. Vous découvrirez ainsi un étonnant article consacré à l’iconographie du paon. Animal fascinant les hommes par sa beauté, il apparaît aussi bien dans les décors de l’Antiquité païenne que sur les mosaïques juives, sur les ornements chrétiens ou sur les broderies musulmanes, incarnation sublime de la tolérance.
La richesse de l’archéologie tient aussi à ses différentes facettes : des modestes découvertes aux révélations les plus retentissantes, des fouilles toutes proches comme celle qui a permis de retrouver l’épave d’Épagnette dans la Somme jusqu’à celles réalisées à l’autre bout du monde, elle est toujours source d’émerveillement, de fascination et d’histoire. Vous voyagerez ainsi, au fil de nos pages, aux confins de l’Asie centrale avec la présentation de la ville médiévale de Dehistan et au cœur du puissant empire chinois des Han et de leurs voisins les Xiongnu, avec la somptueuse exposition du Laténium en Suisse; elle fait le point sur les dernières fouilles de Boroo Gol en Mongolie.
Enfin, une plongée pittoresque dans l’univers quotidien des Romains vous attend, avec un article sur les porteurs de litières, les lecticarii, des acteurs humbles mais très importants de la Rome antique. C’est peut-être ce que nous attendons tous de l’archéologie : qu’elle nous raconte une histoire, celle de notre passé, de nos ancêtres, de notre terre. Elle n’a donc pas fini d’être au cœur de notre humanité.
À l’occasion de l’exposition «Chamanes et divinités de l’Équateur précolombien» présentée à partir du 16 février au musée du quai Branly, Archéologia vous immerge dans la spiritualité de ce pays d’Amérique du Sud. Inédit par son ampleur, cet événement met en lumière les récentes recherches menées par les archéologues et les anthropologues équatoriens. Les 265 œuvres exposées permettent de découvrir le chamanisme, ses habitudes, ses valeurs et ses savoirs. C’est entre 1000 avant J.-C et 500 après J.-C, dans la succession des cultures Chorrea, Bahía, Jama Coaque et La Tolita, qu’il trouve ses racines et l’un de ses plus beaux développements. La terre, considérée comme une mère pourvoyant aux besoins de l’être humain, doit être traitée avec respect. Le chamane en est le gardien attentif. Tout à la fois passeur de traditions, prêtre, guérisseur, astronome, chasseur, il est investi du pouvoir des animaux sacrés et personnifie les forces de l’autre monde, jusqu’à se transformer en déité temporelle. Un système de croyances à retrouver en images dans cet archéofolio.
Magazine : Archéologia n° 540 Page : 62-67